Avec un P comme Ponction !

Je vous en parlais ici et, après moult aléas, nous voilà de retour en protocole pma

Il y a les étapes dites « light » de la pma avec « simple stimulation », les étapes plus complexes avec insémination et enfin, les étapes de lourd protocole, comme la Fiv classique ou la Fiv Icsi.

Pour nous , ce sera une classique et c’est bien suffisant pour l’instant !
Après 10-13 jours d’injections et les examens de contrôle qui vont bien, mes ovaires sont en fête, mon ventre, un ballon baudruche de compèt et mon comportement des plus agréables, pour le Zhom et la Choupette ; je me fais l’effet d’une méchante et vieille chouette !

Pour Dr Schmurtz la Pointure, ça veut juste dire que je suis prête !

Avec un P comme prête

Avec un P comme ponction

Avec un P comme putain !

Parce qu’entre nous, putain, comme j’ai peur !
Alors que la ponction est prévue pour le jour J à 12h30, je commence à angoisser à J-1

Le dernier repas qui précède le jour J me fait l’effet du repas du condamné.

La nuit qui précède le jour J est agitée ( angoisses et mauvais rêves mélangés).

Et quand le réveil sonne, il faut y aller…

Déposer Choupette chez ma mère : fait !

Ne rien lui montrer, la serrer très fort mais pas trop, lui dire que je l’aime et lui souhaiter une bonne journée, essuyer la larme qui coule d’un revers de manche, lui sourire l’air de rien et lui dire « à tout à l’heure mon chat, avec Mamie, éclate toi ! »

Une fois seule avec le Zhom, se laisser aller ( un peu mais pas trop!), vérifier que nous sommes bien assurés à 100% chacun pour la maison et qu’en cas de décès, ma part sera bien remboursée, en être soulagée

Oui, je sais, j’ai l’air d’une dingue de le dire, d’une folle de l’écrire, mais c’est pourtant vrai.
Parce que croyez moi ou non, je n’ai pas peur de la ponction, j’ai peur de l’anesthésie générale que Schmurtz la Pointure m’impose ( parce que ça serait presque dangereux en local, m’a-t-il dit), bah oui, un geste maladroit de ma part, un seul et feu mes ovaires ….
Le personnel de la clinique est plus que top ; aimable, souriant, agréable, aidant.

On m’installe en chambre et comme j’ai refusé la chambre individuelle ( à 200 € la chambre, j’ai évidemment refusé!) j’ai une compagne de chambrée, une petite hystérique aux cheveux rouges D’ailleurs hystérie n’est qu’un dérivé du mot grec signifiant utérus…. Et entre nous, je crois que je comprends. Parce que pour certaines d’entre nous, ne pas parvenir à avoir d’enfants les tue à petit feu et les rend dingue ! La mienne a 42 ans, 3 tentatives fiv, un début de grossesse soldé par une fausse couche et elle rit haut et fort tout le temps, affichant un sourire de façade, malmenant son homme, qui tapi dans un coin patiente…. Plus elle rit, plus il se recroqueville sur lui-même et plus il se recroqueville sur lui-même, plus elle lui met la pression «  sois fort hein ! Tu vas assurer hein ! Il faut que tu assures quand ils vont t’appeler hein ! ».

Quant à nous, on s’excuse presque d’avoir déjà Choupette. On explique la faute aux mauvais spermos y’a 5 ans et à Hashimoto maintenant. On se regarde sans rien se dire, pas besoin…

Puis arrive le temps de la énième douche à la bétadine, la blouse à revêtir, mes fesses à couvrir, comment ça à couvrir mais y’a la blouse ! Et bah oui mais non ! Parce que cette fucking blouse qui me fait mal aux seins ne couvre pas mon postérieur en intégralité, on voit la raie de mes fesses ! J’enfile charlotte et sur-chaussons pour parfaire la panoplie et me voilà au firmament de la sexy-attitude, plus glamour, tu meurs….

Bah justement, voilà le brancardier

Un baiser au Zhom, un regard qui en dit long sur nos sentiments partagés et ça y est , nous sommes séparés.

Il sera appelé pour sa petite donation du jour pendant que je serai dans les bras de Morphée mais en attendant, je ne peux que paniquer.

Comble du comble, je croise dans l’ascenseur ( toujours nue sous ma blouse et allongée sur mon brancard) l’équipe en charge de ma « ponction », la gynéco du jour ( une amie de Schmurtz qui le remplace today, la jeune et belle infirmière de la salle de réveil et tout ce petit monde fait les présentations dans la joie et la bonne humeur…

Je me fais l’effet d’un animal pris au piège qu’on mène à l’abattoir.

J’ai peur. J’ai froid. J’ai chaud. Je pense à Choupette l’espace d’une seconde.

Les portes s’ouvrent, les dalles de plaques de plâtre tachetées du plafond accaparent toute mon attention…. Ne pas penser, surtout ne pas penser

Tous essaient de me rassurer, raté!

La gynéco va même jusqu’à me proposer in extremis l’anesthésie en local mais je dis Non !

1. Dr Schmurtz a dit que c’était non, donc c’est non !

2. Ma copine de chambre folle dingue m’a racontée les douleurs extrêmes de sa dernière fiv en anesthésie locale justement !!!
– L’anesthésiste : Pensez à quelque chose d’agréable
– Moi : ne plus être là et être en vie , ça compte comme pensée agréable ?
– L’infirmière : pensez à votre fille !
– L’anesthésiste : parce qu’elle a déjà une fille, et bah alors, pensez au dernier voyage que vous avez fait avec votre fille, vous avez bien fait un voyage avec votre fille dernièrement
– Moi : la chine au printemps
– L’anesthésiste : merveilleux, la chine au printemps ! Et pourquoi la chine ?
– Moi : parce que mon père y vivait
– L’anesthésiste : parfait ! Alors pensez à votre fille, à votre chéri, à votre père, à ce voyage en chine que vous avez fait tous ensemble, tout va bien se passer…..

Alors que cet ersatz de dialogue est en cours, j’ai glissé ma vieille carcasse du brancard sur le lit du bloc, j’ai été installée en position gynéco avec les jambes en l’air et très écartées. Je me sens seule, apeurée et malmenée.
Parce que ma peur est telle que j’en ai rien à foutre de mon dernier voyage en chine !

Parce que ma peur est telle que s’il y a bien une chose à laquelle je ne veux pas penser, c’est bien aux gens que j’aime que j’ai peur de ne jamais retrouver !

Parce que ma peur est telle que «  tout va bien se passer » , ça ne fait que m’angoisser !
Et je sens lentement ma tête qui tourne, un début de nausée….

 

– laissez vous allez, l’anesthésie fait son effet… me dit une voix
De toute façon, je n’ai plus le choix….. Advienne que pourra ….
15 minutes plus tard, enfin, je crois, j’émerge lentement. La jeune et belle infirmière de l’ascenseur est là et me veille, le brancardier qui m’a descendue feuillette un magazine sur le lit d’à côté attendant que je sois « prête » pour me remonter et me sourit.
Mes larmes commencent à couler… Les yeux embués, la gorge nouée, je pleure.

Je pleure cette angoisse refoulée

Je pleure ce soulagement d’être réveillée

Je pleure cette ponction finalement bien passée

Je pleure et ne peux plus m’arrêter.

 

 

….. A mon retour en chambre

le Zhom sera là, fidèle au poste, soulagé de me retrouver.

Nous patienterons ensemble, 1h30 avant que je ne puisse me lever, m’alimenter et enfin, m’en aller.

Nous reprendrons la route pour aller retrouver Mamie et Choupette….

…Nous sourirons de concert

Parce que la ponction a réussi, le nombre d’ovocytes est conséquent

Parce que c’est quand même beau la vie, nan !?

 

Peps’Mozer ( « Aimer, c’est se surpasser »)