Mamie Za’ est partie, c’est fini…

C’est par cette phrase simple et oh combien emplie de complexité que ce week-end, tout a commencé. Le Zhom s’est assis dans la cuisine en face de Choupette, l’a regardé et lui a dit :

  • Il faut que je te parle de Mamie Za, elle est partie, c’est fini.

Choupette s’est décomposée, effondrée et a pleuré ; d’abord en silence, se cachant dans mon épaule, puis des gémissements plaintifs sont sortis d’elle avant que des sanglots et grosses larmes ne la secouent.

  • Elle est morte Mamie Za !
  • Oui, chérie, elle est morte Mamie Za’
  • Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?
  • Je ne sais pas vraiment mon chat, il faut demander à papa.

Mais pour le Zhom c’est compliqué, il vient de perdre celle qui l’a toujours rejeté, celle qu’il a toujours rejetée. Il m’apparait presque soulagé et en même temps, au fond de lui des sentiments différents s’entremêlent forcément. Une mère, on en a qu’une ; bonne ou mauvaise, aimante ou malveillante, affectueuse ou froide, présente ou en distance, une mère, on en a qu’une.

Alors que le Zhom doit vivre un véritable tsunami émotionnel intérieurement, Choupette est pleine de questionnements.

Alors le Zhom prend le temps de l’écouter, de lui répondre et Choupette pleure, encore, et Choupette pleure beaucoup, et Choupette pleure toujours, lovée contre moi.

Et j’observe mes deux zamours vivre ce décès chacun à leur manière, et mes larmes coulent, en silence.

Et soudain je ris. Je ris en pensant à une phrase culte de Mamie Za qui nous avait tous fait rire aux éclats et je la partage avec eux. Je repense à sa façon d’accueillir Choupette à chaque fois que nous allions la voir, avec emphase, avec excès, avec du bruit et de la joie et je l’imite encore une fois. Je repense à la façon qu’elle avait de dire « non, je ne peux rien avaler » désireuse de toute notre attention comme une petite fille ou un petit garçon et de dévorer le contenu de son assiette avec avidité à peine nous avions le dos tourné. Et je repense à la beauté de ses mains, longues, fines, (Choupette en a héritée) qui lui ont permis de travailler tant d’années dans la haute couture. Je repense à un Noël mélangé où nos parents étaient tous présents, Choupette avait un peu plus d’un an et Mamie Za parlait haut, parlait fort.  Enfin, je la revois, à chacune de nos visites, chargée de paquets cadeaux pour Choupette, d’objets et de vêtements plus invraisemblables les uns que les autres, disant à qui voulait l’entendre que c’était de la grande qualité quand ça venait simplement du petit supermarché d’à côté… Et je souris.

Des souvenirs de Mamie Za, je n’en ai pas des tas. Des photos d’elle, quelques-unes par ci par là.

Alors Choupette va pleurer beaucoup ce week-end. Elle va questionner son père avide d’en savoir plus finalement sur cette grand-mère qu’elle aura peu vue, faire quelques recherches sur le net espérant trouver un article, un blog, un réseau social qui mentionnerait son nom ou une image mais rien. Mamie Za n’est pas de cette époque-là.

Alors, nous regarderons des photos, à la clinique à la naissance de Choupette, à la Baule, en été, à Noël chez nous.

  • C’est tout maman, t’’en ‘as pas d’autres ?
  • Bah non, mon chat, je n’ai que celles-là.

Et Choupette de me dire à travers ses larmes et presque dans un cri…

  • Maman tu sais, je me rappelle que la dernière fois qu’on est allé la voir, j’avais fait un gâteau au chocolat. C’est tout ce « que » je me rappelle !
  • Je m’en souviens chérie.
  • Maman !
  • Oui, …
  • Je ne lui ai même pas dit au revoir.

S’en suivront des questions de Choupette plus « pragmatiques » (elle voulait être enterrée ou incinérée ? Y’aura une grosse cérémonie ou rien ? ET Papa, y voudra y aller ? Et comment on peut lui offrir des fleurs si elle est incinérée ? Et Maman, on pourra aller la voir ?…)

  • Chérie, pour beaucoup de questions, je ne sais pas mais c’est promis, dans quelques temps, on ira.

Et alors que le Zhom doit se débattre avec 53 ans d’histoire, Choupette s’apaise un peu…. pour le moment. Mamie Za est partie, c’est fini….

 

Peps’Mozer (« Aimer, c’est se surpasser »)