Les Fausses Couches : Une Vraie Douleur

Il est des jours comme ça dont on ne voudrait pas et des émotions qu’on enterre au plus profond….

Et puis vient le besoin d’en parler ( ou pas!?), de s’exprimer sur le sujet ( ou pas), de se libérer d’un poids, de partager son désarroi, de crier à l’injustice et de se dire «Pourquoi moi, Pourquoi  !? »

Et quand l’évènement devient récurrent, le cri se fait moins fort, moins révolté ; on courbe le dos, on rentre les épaules, on baisse la tête, les yeux, presque résignés, malheureux….

Et la vie reprend son cours avec un nous abîmé, un nous blessé mais un nous toujours…
..Alors que nous sommes en marche depuis quelques mois pour le projet bb2, voilà que tout ça remonte à la surface. Parce que le nouveau Doc a besoin de connaître notre histoire, notre parcours, il faut se souvenir et raconter, encore et toujours. Dès lors, je ne suis plus simplement Moi mais je suis de celles qu’on range dans la case des fausses couches à répétition….

Et qu’importe que la fausse couche soit la seule d’une vie ou la énième d’une série, c’est une douleur, une vraie, une perte, une honte, une incompréhension, une culpabilité, un « pardon, désolé, Je n’ai pas su le garder » et se souvenir n’est jamais, jamais, chose facile ou aisée !

Alors aujourd’hui, je raconte, parce que ces moments là, en vrai, ils comptent

Alors aujourd’hui, je dis tout, pour lever, le temps d’un texte, les tabous

Alors aujourd’hui…..je les range dans un tiroir de ma tête et cynisme de la fausse coucheuse que je suis, je les « étudie » et les compare.

La 1ère fut sans doute la pire !

Intervenue à 3 semaines de grossesse mais diagnostiquée à 6. Ce fut un tsunami émotionnel, une surprise des plus horribles ; les symptômes : aucun …. et le petit œuf qui ne voulait pas partir (sans doute parce que depuis le 1er jour, je lui disais : accroche toi !). Quant aux douleurs physiques, encore aujourd’hui je ne me souviens pas avoir autant souffert, la faute au gynéco de l’époque, peu regardant et à mon corps et ma tête refusant ( sans doute) ce malheureux événement….

La 2ème c’est l’amnésique !

Intervenue à 4 semaines de grossesse, je n’en ai que peu de souvenirs. Elle était somme toute « normale », quelques saignements sans douleurs, les premiers temps, un p’tit tour aux urgences qui m’ont affirmé que « tout allait bien » quand je savais pertinemment qu’une fausse couche était en route, puis un traitement médicamenteux avec quelques légers antidouleurs…Fin

La 3ème : la mieux traitée

Intervenue à 5 semaines de grossesse, les symptômes furent très vite identifiés et identifiables ! Changement de gynéco oblige, j’ai été extrêmement bien suivi, épaulé, soigné. Traitement médicamenteux léger, antidouleurs de compétition pour limiter le traumatisme déjà important (tant physique que moral) et en 2h00 de temps, on pouvait « quasi » passer à autre chose…..

 La 4ème : ma « préférée, la moins pire »

Oui, oui, je sais, comment oser dire « ma préférée » pour un tel événement, l’envie de choquer, de faire parler ; bah non, juste qu’arrivée à un certain nombre, je ressens comme une certaine familiarité entre elles et moi et je me dis que j’ai au moins, droit à ça ! Ma « préférée, la moins pire » donc… Pourquoi, celle là !? Parce qu’il n’y eut aucune douleur physique ( ou si infime que je ne m’en souviens pas) et aucune douleur morale ( parce que je ne savais pas). Pour résumer, j’ai fait une fausse couche ne sachant pas que j’étais enceinte de quelques semaines puisque mon cycle s’était déroulé « normalement ».

Et La 5ème : la dernière en date

Enceinte de 7 semaines, j’ai commencé à avoir quelques signes annonciateurs de la fausse couche ; 3 jours plus tard, j’avais de fortes contractions et douleurs au niveau du bas ventre. Le plus gros de la « crise » a duré 3h30. Le lendemain, lors de mon contrôle gynéco, Doc m’assurait que « dans mon malheur, j’avais de la chance », puisque la fausse couche dite « spontanée » avait tout emporté…..Nos espoirs et nos rêves aussi …

 

Et depuis !?

Depuis, pas de fausse couche à l’horizon mais pas de nouveau bébé dans la maison.

Depuis, Choupette ( née peu après la 3eme ) a bien grandi, déborde d’énergie et dévore la vie

Depuis, nous sommes et restons la Happy Family avec nos peines, nos joies et cette envie de fratrie !

 

Alors, je vous entends, je vous devine même.. Pourquoi nous parle-t-elle de tout ça aujourd’hui ? Pourquoi nous livre-t-elle tout ceci ?

N’est ce pas malsain, malvenu, voyeur, indélicat que d’exposer ses douleurs au regard des autres comme ça !? Et bien non, je ne crois pas !

Parce que là, où certains ne verraient dans ce billet que voyeurisme et insanités, moi j’y vois le fait de se sentir moins seule, moins sale, moins mal aimée et rien que pour ça, ça valait le coup de partager !

Parce que là où certains ne verraient dans la fausse couche qu’échec, faiblesse, honte et culpabilité, moi j’y vois du courage, de l’amour à revendre et une volonté d’acier!

Et parce qu’empathie et compassion deviennent des valeurs rares dans nos régions, verbaliser, parler et échanger sur un tel sujet, c’est finalement de bon ton.

 

Alors pour toutes celles et ceux qui malheureusement, ont subi ou auront un jour à subir cette épreuve, ne vous faites aucun reproche, aimez-vous ! Ne remettez pas en cause ce que vous êtes, aimez-vous ! Ne restez pas seule/seul avec votre peine, aimez-vous !

Et pour toutes celles et ceux qui ne connaîtront jamais ça ; quelle chance, je suis vraiment ravie pour vous, croyez moi:)

 

Peps’Mozer ( « Aimer, c’est se surpasser »)