Les graviers, la place et vous

Je me souviens des graviers gris et du bruit des pas lorsqu’elle allait y étendre son linge.
Le jardin, tout petit, et du cerisier japonais.
Je me souviens de la douceur des déjeuners sur la terrasse et des soufflés au fromage.

Je me souviens de cette petite maison mitoyenne au creux de la ville.
Je me souviens des escaliers qui grincent.
Je me souviens du goût de la sauce tomate et de cette odeur d’ail mijoté qui baignait cette maison.
Je me souviens y être allée tellement souvent, le mercredi.

Elle était banale et petite mais c’était le lieu de mon enfance.

Je me souviens de cette place.
Une grande place centrale entourée de quelques petites maisons qui semblaient être posées là, spectatrices de nos vies.
Il y avait des bancs, des arbres et de la place pour nos rêves.

C’était, pour moi, le plus bel endroit.

Je me souviens y avoir fait du vélo, de la trottinette mais surtout avoir sauté à l’élastique entre ces deux arbres.
Je me souviens avoir eu des points de côté tant j’avais couru et ri.

Je me souviens de l’impatience d’y retrouver mon cousin et ma cousine le mardi soir.
Dans un lit trop grand pour moi, je n’arrivais pas à trouver le sommeil, je voulais être avec eux.
Ils étaient le frère et la sœur que je n’avais pas encore.
Je me souviens de nos bêtises et de la bienveillance de mes grands-parents.
Je me souviens des jupes fleuries et du peigne en bois.
Je me souviens des grandes tablées et des voix fortes et rieuses que j’aimais entendre en allant me coucher.

Cet endroit était parfait.
Il l’était car ils étaient là.

La vie nous porte parfois loin les uns des autres maintenant, nos vies sont remplies, nos vies sont adultes.
Et puis, il y a quelques jours, j’ai cuisiné une sauce tomate, vous savez, celle avec beaucoup d’ail.
Les souvenirs ont explosés dans ma tête, elle avait le même goût que celle cuisinée au hameau.
Je me suis souvenu de tout cela.
De vous, de mamie et papi Lou, de nos mères, des bonnes et des mauvaises nouvelles apprises sur cette terrasse.
Mais je me suis souvenu de la joie qu’avait été notre enfance.
Nous, les cousins inséparables.
Nous avions vingt et un an à nous trois.

Aujourd’hui je pense à vous et à ces années.
Le cœur serré mais heureux.
On ne se le dit pas assez.
Je vous aime tellement.