LE CAS EDUARD EINSTEIN

Nous sommes allés voir à la Comédie des Champs Élysées ‘LE CAS EDUARD EINSTEIN’.

lecaseduardeinstein-cce-40x60-web

L’histoire du fils caché d’Albert Einstein.

Ce qu’on aime chez MixParentsMixEnfants dans les sorties théâtre, c’est apprendre des choses et pas seulement voir des comédies. Nous, parents, et nos enfants ont le droit aux paradoxes de l’Histoire. C’est fondateur. C’est adapté de l’excellent roman de Laurent Seksik du nom éponyme.

Et le dramatique d’une situation, c’est quand on peut ‘parfois’ sourire de l’horreur d’une situation que réfléchit un certain contexte. Comme si le passé pouvait surgir à notre porte.

LE CAS EDUARD EINSTEIN est une pièce de contexte et on ne sourit pas pour rien.

Ici c’est la parole d’un fils à propos de son père, ou des silences du père à propos de son fils…Pas n’importe quel père, pas n’importe qui comme fils.

Albert et Eduard = EINSTEIN au carré !

Les situations sont sous tensions. La scène est divisée en deux espaces qui accentue ces deux paroles qui ne se croiseront qu’une fois. Un peu comme nos espaces familiaux modernes ou les uns sur les autres, on ne se parle pas. La mise en scène de Stéphanie Fagadau est sobre et à propos. Elle ne fait qu’esquisser l’extérieur en laissant la place au jeu des acteurs, et le contexte vit et prend forme. Sur ce point, c’est réussi car on est surpris de l’engagement des corps. Ils restituent beaucoup avec peu, et c’est beau. La base du théâtre. Donner à voir.

Mais on sourit pour le texte et le jeu des acteurs, tous impeccables, taiseux intérieur ou verbeux sans démonstrations. Texte cinglant qui nous plonge ; tantôt dans le dramatique d’une vraie situation, et des choix qui n’en sont pas et d’autres qui en sont, ratés, et qu’on est forcés de faire ; tantôt par les rythmes de la pensée schizophrénique de ce fils Eduard avec des répliques lucides et lapidaires sur son état et sa relation avec son père. Avec sa mère aussi.

Michel Jonasz ne caricature pas Einstein, mais donne une interprétation juste des silences que pouvait avoir vécu Albert. Le personnage existe tout de suite. Sombre et intérieur. Et l’esthétique ne fait que renforcer sa présence.

Hugo Becker ne singe pas Eduard mais incarne un homme sensible et malade au nom démesuré. Il porte le sujet, la tension théâtrale, et il est large. Il garde le rythme et le sens du propos. Et simplement parfois, sa présence et son regard suffisent à être Eduard. Fils de. Schizophrène. Jamais trop n’en faut.

Josiane Stoleru est une mère éperdue sincère. Une femme que l’on comprend. Et on est touché de la voir se débattre entre un amour passé et un fils de tous les jours, son présent. Sa force fragile est indispensable à la pièce.

Pierre Benezit, tel un jeune John Goodman est un médecin plus vrai que nature de ces années de l’horreur. On se demande pour quelle histoire, de Eduard ou d’Albert, il a le plus d’admiration.

Amélie Manet et Jean-Baptiste Marcenac complètent ce casting d’époque sans fausse notes et donne le change en posant les différents contextes.

On ne vous a rien dit de l’histoire incroyable qu’il vous reste à découvrir du ‘CAS EDUARD EINSTEIN’ à la Comédie des Champs Élysées, c’est normal, c’est parce qu’on vous recommande d’y aller ! Le théâtre n’est pas peine perdue !

Laurent SAO pour MixParentsMixEnfants.