Une nuit de février

Mon ventre s’est noué, mes yeux se sont mouillés et mon coeur s’est emballé.
J’ai su.
J’ai fermé ma valise, j’ai regardé tes frères, profondément endormis.
Le silence.
Cette nuit était particulière, elle allait devenir notre nuit, le début de notre histoire.
J’ai regardé l’appartement.
La lumière était différente, plus chaude, plus forte.
J’ai regardé la rue depuis la terrasse.

Nous sommes partis.

Nous sommes partis à ta rencontre, les sentiments emmêlés.
Tout était en suspend.
Tout était serein.
La nuit avançait  et Paris était vide.

Je n’ai rien oublié.
Ce moment si particulier avant l’arrivée à l’hôpital.
Et puis la douleur.
la salle de naissance et l’horloge face à moi.
Trois heures quarante.
Je me suis mise à imaginer ton heure de naissance.
Cette heure que tu t’amuseras à dire le jour de ton anniversaire.
Cette heure qui marquera le début de ta vie.
Cette heure que tu oublieras peut-être.
Quatre heure cinquante.
La nuit devenait moins noire.
J’ai perdu de vue l’horloge quelques instants.
Un peu avant six heures tu es né.
Sereinement et calmement.
Tes yeux grands ouverts ont cherchés les miens.
Tous les doutes ont été balayés.

Petit toi, ta naissance était belle.

Je n’ai pas pu dormir.
Je t’ai regardé.
Tes mains, tes yeux grands ouverts et ta beauté.
Tu ressembles à ton Papa.

Les aiguilles de l’horloge ont continué à défiler.
Deux jours après ta naissance nous sommes rentrés à la maison.
Tu es un petit être parfait.

Le temps avance au ralenti.
Dans ton berceau, tes frères te regardent et te parlent.
Petite scène du quotidien.

J’aime vous savoir tous les trois maintenant.
J’aime nous savoir tous les cinq.