Tes pieds dans mes côtes

Le printemps est là.
Les terrasses de la rue commencent à devenir bruyantes et ce bruit me ravi.

Il me rapproche de toi.

Je sais que plus le soleil les chauffera et plus ta naissance sera proche.
Le soleil brille sur avril.
Les manteaux laissent leur place à des tissus légers.
Alors je souhaite que les terrasses se remplissent, qu’elles s’emplissent de monde et de bruit.
Qu’elles marquent l’arrivée du printemps puis de l’été.
Je souhaite que le bruit de la rue s’intensifie afin de t’accueillir dans cette effervescence que j’aime tant.

La naissance c’est la tempête heureuse.
Dehors comme dedans.
Chez nous comme dans la rue.

La rue bouillonne et je sens que toi aussi.
Tes mouvements sont forts et intenses, la place se fait rare et tu gardes ta position, la même depuis des mois.
Tu as le hoquet, mon ventre se déforme et interroge les passants, les enfants me demandent ce qu’il y a dedans.

Eux aussi ont hâte de te rencontrer.

Et puis, lorsque le vent du printemps s’engouffre dans la maison et fait claquer les portes tu sursautes.
Je souris de te voir réagir aux sons.
Je trouve ça incroyable que tu réagisses intérieurement au monde extérieur.
Tu verras mon petit, la rue est bruyante et parfois effrayante, les bruits se mêlent aux saisons.
Tu comprendras vite que le bruit, qu’il soit un chant d’oiseau ou le cri d’un passant, c’est la vie.

Toi aussi tu t’éveilles de plus en plus, le printemps te va à ravir.
Tes pieds dans mes côtes me rappellent que tu es bien là, de plus en plus grand et fort pour rencontrer le monde.
Tu es si près de moi et pourtant nous ne nous connaissons pas vraiment.
243 jours à deux.
C’est peu.
J’aime sentir tes petits pieds, j’aime préparer ton arrivée à la maison, j’aime parler de toi.
La grossesse est longue et je ne l’apprécie pas vraiment mais toi, petit toi, tu es déjà le plus joli fruit de cette saison.

Quand tu seras là nous irons dehors, dans la rue, à la rencontre de ce monde là.

Je t’attends et le printemps aussi.