Cinq mois sur neuf

C’était ma plus grande appréhension
La grossesse et l’angoisse qu’elle suscite.
La première fois je ne m’étais pas reconnue tant l’inquiétude m’avait assommée.
Une veille de neuf mois.
Rien de joli ni d’épanouissant dans le fait de porter un enfant.
J’ai maudit cet état.
(L’envie d’un enfant était pourtant si forte.)

Pour cette deuxième grossesse j’ai eu peur d’avoir à nouveau peur.
Une mise en abime infernale.

Et j’ai laissé faire.
Je suis moins angoissée car je sais reconnaître les petits maux de mon état.
Je reconnais les différentes étapes.
J’attends même avec impatience les échographies, ce qui est nouveau pour moi.

J’ai eu cette lueur de la grossesse épanouissante, parfaite et douce.
Une lueur faible et fragile car à la fin de ce cinquième mois, la rondeur de mon ventre et la fatigue de mon corps me rappellent ce que je n’aime pas.

Je trouve plutôt terrifiant d’avoir un petit être à l’intérieur de soi.
Il vit, bouge, se développe avec l’aide de mon corps, de ce que je mange, bois et ressent.

Terrifiant je vous dis.
Deux corps différents au sein d’un seul.

Donc j’attends.
J’attends le printemps, j’attends qu’il soit là.
J’ai envie de dire que ça sera ma dernière grossesse tant c’est désagréable pour moi.

Et puis quand vient la nuit
Tout est silencieux.
La main posée sur mon ventre.
Un petit coup de pied vient se lover.
Un moment qui fait oublier, le temps d’un instant, l’angoisse de porter la vie.