Treize millimètres

Je me souviens de la chaleur de Paris, du bruit de la rue et de mon cœur battant bien trop fort.
Je me souviens de ce mois de juillet.
Je me souviens avoir eu peur.
Je me souviens de mes pas légers sur le bitume gris du neuvième arrondissement.
Je me souviens de cette place qui me donnait le tournis.

Je me souviens qu’une seule question tournait dans ma tête.
« Comment un être si petit pouvait tant occuper mon esprit »

Je me souviens de ce médecin, un peu vieux, un peu gauche, à l’opposé de ce que j’avais imaginé.
Je me souviens de cette petite salle.
Je me souviens de ma toute première échographie.

Je me souviens de tout.

Du bruit du ventilateur, du bruit des patients dans la salle d’attente, des Klaxons des voitures, des froissements de la blouse du médecin, de son silence.

Je me souviens de cette image, presque lunaire, d’un tout petit être.
Je me souviens du son.
Ce son régulier et rapide, cette musique apaisante que j’aurais pu écouter des heures.

« Vous entendez? C’est son cœur. »

Je me souviens de ton cœur.

Je me souviens des angoisses qui ont surgit à cet instant.
Nous étions deux.
Je me suis sentie responsable de toi.

Je me souviens être sortie avec cette petite photo entre les mains.
Ne pouvant me résoudre à la ranger dans mon sac.
Je me souviens l’avoir contemplée plusieurs minutes sur cette grande place.
Je me souviens avoir été ébahie par tant de magie.

Je me souviendrai toujours de ce mois de juillet que les Parisiens avaient déserté.
Ce désert me laissait le champ libre.
Libre de te découvrir.

Toi, le petit être à la minuscule mesure.

Treize millimètres.