(future) Maman au boulot

Alors mon histoire avec le monde du travail est très simple : je me casse en 4 pour mon employeur et je finis souvent pas faire un peu de tout avec un bon salaire de …je ne sais pas quoi, mais pas de BAC+5 en Sciences Po… Et puis il y a aussi le fait que je ne sais pas dire : « NON ». 
 
Pour faire court, ça fait déjà plus de 2 ans que je suis employée d’un grand groupe spécialisé dans le recrutement et que je rêve de partir. Je me suis dit que l’informatique n’est pas facile et que donc plus je vais leur montrer des choses, plus ils apprendront et que tout finira par s’arranger. En bien non mes dames et messieurs, non! Je ne dis plus rien sur la discrimination par rapport au salaire (ils me paient beaucoup moins que ce qu’ils avaient proposé sur l’annonce d’embauche) ni sur la machisme qui règne la dedans (on était 5 filles pour 45 hommes) et je vais m’arrêter juste sur ce que j’ai subi pendant ma grossesse…
 
J’ai encore une fois voulu faire celle qui ne cache rien à son employeur – mais j’ai gardé pour moi le fait que j’ai du faire une FIV pour avoir un bébé- et j’ai donc annoncé ma grossesse depuis le début (12 sa).  Il faut dire que le RH a été très sympa (d’ailleurs c’est le seul à être un peu plus … »normal »), il m’a félicité et m’a demandé si je voulais que ce soit lui qui annonce cela à mes supérieurs. J’ai gentiment refusé, car j’ai considéré que c’était ma responsabilité. Bref, l’annonce a été reçue avec simplicité et sans complications par ma hiérarchie – mon manager étant basé au Royaume Uni. Par contre, j’ai décidé de garder cela pour moi et les 3 personnes concernés : 1 RH et 2 managers. 
 
Vers 20 sa j’ai commencé à avoir un peu de ventre et j’avoue que j’aimais bien porter des petites choses de femme enceinte. Mes collègues ont donc compris ce qui se passait. Et c’est là que tout commence!
 
On était en juin-juillet, il commençait déjà à faire très chaud et moi je n’ai jamais bien réagit à la chaleur. En plus de cela, je commençais à fatiguer comme pas possible et à avoir mal au ventre (je pensais à l’époque qu’il s’agissait des douleurs de ligaments) que ce soit en position assise ou débout. Autant dire que les trajets en bus et métro ne m’aidaient pas du tout! De ce fait, j’arrivais en retard de 10-15 minutes et comme je ne prenais que 30 ou 45 min max de ma pause repas de 2h, je partais 25-30 min plus tôt. J’avais vérifié dans la convention SYNTEC qui correspondait à mon entreprise et mon poste, j’avais le droit à un aménagement du temps de travail de 30 min en moins/jour.  J’avais remarqué des regards de travers, mais j’avais appris à les ignorer (de toute façon je n’avais pas le choix).
 
On était en pleine réorganisation et mon équipe (moi et 2 autres personnes), nous étions en mode projet à 100%. Sauf que tout était infiniment désorganisé et tout le monde se mêlait de tout et personne ne savait ce qu’elle/il voulait! C’est là que mes journées marathon ont commencé! DU jour au lendemain, certainement parce qu’ils savaient que j’étais enceinte et bientôt en congé maternité, j’étais celle qui devait tout décider, tout tester, tout faire et en plus tout faire très vite! Ce qui veut dire que j’avais des réunions tôt le matin qui duraient des fois 6 ou 7 heures d’affilées sans pause repas ou le droit d’aller aux toilettes,  des réunions programmées exprès entre midi et 14h car il faut absolument rentabiliser chaque minute que je passais avec eux, des « repas » (une pompote) pris dans les salles des réunions – sinon je faisais des malaises, des réunions programmées 2-3 d’affilée dans des endroits différents, donc obligée de courir avec mon PC pour prendre le bus et aller à l’autre bout de la ville pour la réunion ou pire dans une autre ville (ça j’ai refusé!)… Mais le pire ça a été un bon jour de juillet quand on m’a obligé de passer plus de 8h dans un bâtiment presque vide, sans chaise, sans eau potable, sans clim, sans la possibilité de se restaurer de quelle que manière que ce soit et pour qu’on me dise le jour même que j’aurais un avertissement pour retards, car plusieurs collègues se sont plaint du fait que moi je n’arrivais pas à la même heure qu’eux!!! Après cette journée je tenais à peine debout, tellement j’avais mal au vendre et j’étais dans les vaps à cause du manque d’eau et de nourriture!
 
Le lendemain je suis allée voir mon médecin traitant et j’ai demandé un arrêt! Je ne vais jamais oublier ce jour-là, car 2 jours après j’apprenais que j’allais rester alitée pendant tout le reste de ma grossesse et que je n’allais certainement pas pouvoir accoucher à terme, car col raccourci à 11mm… C’était le 24 juillet 2013, j’étais à 22 SA et je venais d’avoir mon écho morpho…la radiologue m’a dit que je risque même d’accoucher dans les jours qui suivaient et que mon bébé ne serait pas réanimé dans ce cas…
 
Je ne sais pas si c’est vrai, mais à mon avis, tout ce que j’ai subi depuis le début de ma grossesse à ce travail il y est pour quelque choses dans cette histoire de col raccourci…